Heterocidaridae

Mortensen, 1934, p. 165

Genre type : Heterocidaris Cotteau,1860

Description succinte de la famille : Tubercules interambulacraires et ambulacraires de taille sensiblement équivalente.

syn.

  • Heteroechinus Quenstedt, 1874, p.370

 

   

 

Genre   Heterocidaris Cotteau,1860, p.393

Note sur le genre Heterocidaris, nouveau type de la famille des Cidaridés.

Espèce type  Heterocidaris trigeri Cotteau, 1860, par désignation originale.

ibid.

Extension stratigraphique (bibliographique, non vérifiée) : Bathonien - Bajocien

 
diagnose originale du genre par Cotteau, séance du 05 Mars 1860

Note sur le genre Heterocidaris, nouveau type de la famille des Cidaridées, p. 378

     M. Cotteau présente la note suivante

Note sur le genre Heterocidaris, nouveau type de la famille des Cidaridées ; par M. G. Cotteau (pl. IV).

     M. Triger a découvert tout récemment dans l'oolithe inférieure de la Sarthe un oursin fort curieux ; il sera décrit et figuré dans notre ouvrage sur les échinides de la Sarthe, Cependant, dès à présent, nous voulons appeler l'attention sur ce type nouveau, en fixer les caractères, et rechercher la place qu'il doit occuper clans la série.

     Cet échinide, remarquable non-seulement par sa taille énorme, mais encore par le nombre et la disposition de ses tubercules, par la structure de ses ambulacres et de son péristome, appartient à la grande division des échinides réguliers, et ses caractères le rapprochent à la fois des Cidaridées et des Diadématidées, sans cependant qu'il soit possible de le réunir à aucun des genres qui composent ces cieux familles; aussi n'avons-nous pas hésité à en faire le type d'une nouvelle coupe générique à laquelle nous donnons le nom d' Heterocidaris et dont voici la diagnose :

     Test de grande taille, circulaire à l'ambitus, renflé et subconvexe en dessus, presque plan en dessous. Interambulacres larges, garnis de six à huit rangées de tubercules très gros, homogènes, scrobiculés, fortement crénelés et perforés. Plaques interambulacraires beaucoup plus longues que larges, légèrement infléchies au milieu. Granules peu abondants, inégaux, entourant les scrobicules et remplissant, l'espace intermédiaire. Ambulacres très étroits, un peu flexueux à la face supérieure, pourvus de deux rangées de petits granules alternes, espacés, distinctement crénelés et perforés, Pores simples, non conjugués par un sillon, directement superposés ; montrant à la face inférieure, sans cependant se multiplier, même sur les bords de la bouche, une tendance assez prononcée à se grouper par triples paires ; convergeant obliquement vers le milieu de l'ambulacre ; mais cette disposition trigéminée n'est qu'apparente, et en réalité les pores forment plutôt des demi-cercles sur le flanc externe des granules (fig. h). Péristome médiocrement développé, subpentagonal , muni de lèvres ambulacraires beaucoup plus étroites que les lèvres inter-ambulacraires. Radioles allongés, cylindriques, couverts de stries fines, longitudinales, et de granules épars et atténués.

     Comme on le voit par les caractères que nous venons de lui assigner, le genre Heterocidaris constitue un type singulier. Voisin des véritables Cidaris par sa forme circulaire, ses ambulacres étroits, subflexueux et garnis de granules, et par la structure de son péristome, il s'en éloigne par ses pores affectant aux approches de la bouche une disposition trigéminée, par ses plaques coronales plus longues, plus étroites, et par conséquent plus nombreuses, et surtout par les rangées multiples de gros tubercules qui remplissent ses interambulacres. Ce dernier caractère donne à notre nouveau genre une physionomie toute particulière qui le rapproche beaucoup, au premier aspect, de certaines formes de Diadématidées, et notamment des Astropiga de Gray dont toutes les espèces se distinguent par leur grande taille, leurs ambulacres garnis de granules, leurs tubercules interambulacraires très gros, homogènes, crénelés et perforés; mais ce rapprochement entre une série d'échinides qui vivent à l'époque actuelle et un genre spécial jusqu'ici à l'oolithe inférieure est plus apparent que réel, et, quand on compare avec soin les deux genres, non-seulement on cesse de les confondre, mais on reconnaît qu'ils appartiennent, par la forme de leurs ambulacres et de leur péristome, ainsi que par la disposition de leurs pores près de la bouche, à deux types bien différents.

     La seule espèce d' Heterocidaris que nous connaissons est celle qui a servi à établir le genre ; nous la dédions à M. Triger qui l'a recueillie dans l'oolithe inférieure du Chevain (Sarthe). Nous rapportons à 1'Heterocidaris Trigeri une plaque interambulacraire rencontrée par M. Babeau dans l'oolithe inférieure des environs de Langres (Haute-Marne), au même niveau que les Cidaris spinosa et courtaudiana. Ce fragment, bien que très incomplet, suffit pour faire reconnaître d'une manière positive l'espèce qui nous occupe.

 

     Dans quelle famille doit-on placer le genre Heterocidaris ? Faut-il, en raison du nombre et de la disposition de ses tubercules, le réunir aux Diadématidées ? Ne serait-il pas plus naturel de le laisser parmi les Cidaridées dont il présente les ambulacres et le péristome ?

     La famille des Cidaridées telle que nous la circonscrivons correspond à la tribu des Angtististellés de M. Desor ; elle se compose d'un petit nombre de genres tous parfaitement caractérisés par leur forme circulaire et renflée ; leurs interambulacres garnis seulement de deux rangées de gros tubercules ; leurs ambulacres étroits et plus ou moins flexueux ; leurs pores simples du sommet à la bouche ; leur péristome subpentagonal à lèvres ambulacraires très étroites. La plupart de ces caractères se retrouvent dans le genre Heterocidaris. Deux cependant font défaut : 1° les interambulacres, au lieu de deux rangées de gros tubercules, en ont six et même huit vers l'ambitus, et les plaques qui les supportent sont plus longues, plus étroites, et par conséquent plus nombreuses que clans tous les autres genres de la famille des Cidaridées; 2° les porcs ne sont pas simples du sommet à la bouche, et affectent aux approches du péristome une tendance trigéminée bien prononcée. Ces différences sont assurément importantes; cependant elles n'offrent rien qui soit incompatible avec les caractères essentiels des Cidaridées, et ne peuvent avoir qu'une influence secondaire sur l'organisation de l'animal.

     Notre genre au contraire, malgré cette ressemblance de physionomie que nous signalions tout à l'heure, se sépare des Diadématidées par un caractère de premier ordre, nous voulons parler de la structure de son péristome qui est pentagonal, et muni de lèvres ambulacraires beaucoup plus étroites que celles qui correspondent aux interambulacres, tandis que chez les Diadématidées le péristome est toujours décagonal, profondément entaillé, et remarquable par la largeur de ses bords ambulacraires. A cette différence de structure se rattachent, d'après les savantes observations de Jean Müller (1), de très importantes modifications clans le système respiratoire.

     Le genre Heterocidaris fait donc partie de la famille des Cidaridées; mais il y forme un genre tout particulier, nettement tranché, et que nous plaçons à la fin de la famille. C'est un type très intéressant à étudier, en raison même de ses caractères intermédiaires, et qui est aux Diadèmes à tubercules multiples ce que les véritables Cidaris sont aux Diadèmes à tubercules simples.

NDLR : nous ne présentons pas la planche associée à la diagnose, puisqu'elle a été reprise à l'identique dans "Echinides de la Sarthe" et que nous la présentons dans la description de l'espèce type.

description du genre par Cotteau

Echinides du département de la Sarthe considérés au point de vue zoologique et stratigraphique, p.393

Genre Heterocidaris, Cotteau, 1860.

     Test de grande taille, circulaire. Zones porifères composées de pores simples, non conjugués par un sillon, directement superposés, montrant à la face inférieure, sans cependant se multiplier, même sur les bords du péristome, une tendance assez prononcée à se grouper par triples paires convergeant obliquement vers le milieu de l'aire ambulacraire, mais cette disposition trigéminée n'est qu'apparente, et en réalité les pores forment plutôt des demi-cercles sur le flanc externe des granules. Tubercules très gros, homogènes, scrobiculés, fortement crénelés et perforés, formant six à huit rangées sur chacune des aires interambulacraires. Péristome médiocrement développé, subpentagonal, muni de lèvres ambulacraires beaucoup plus étroites que les lèvres interambulacraires. Radioles allongés, cylindriques, couverts de stries fines et longitudinales et de granules épars et atténués.

     Dans une note publiée en 1860, dans le Bulletin de la Société géologique de France série, t. XXVII, p. 378), j'ai cru devoir réunir ce genre curieux à la famille des Cidaridées. Malgré les critiques dont ce rapprochement a été l'objet, je persiste aujourd'hui encore dans cette opinion. Si, par sa physionomie générale, le nombre et la disposition de ses tubercules et

 

l'aspect trigéminé que ses pores ambulacraires présentent autour du péristome, le genre Heterocidaris a quelque ressemblance avec certains genres de la famille des Diadématidées, il s'en sépare par un caractère de premier ordre, je veux parler de la structure de son péristome qui est pentagonal et muni de lèvres ambulacraires beaucoup plus étroites que celles qui correspondent aux interambulacres. Tout en se rangeant parmi les Cidaridées, ce genre y forme un type tout particulier, nettement tranché et que nous plaçons à la fin de la famille.

N° 34. Hetcrocidaris Trigeri, Cotteau, p. 329, pl. LVI. Etage bajocien.

 

 

Heterocidaris trigeri Cotteau,1860

 
description de l'espèce par Cotteau

Echinides du département de la Sarthe considérés au point de vue zoologique et stratigraphique, p.338

 

N° 3, HETEROCIDAR18 TRIGERI, Cotteau, 4860.
PI. LU, fig. 1-5.

Heterocidaris Trigeri, Cot.   Cotteau, Note sur le genre Heterocidaris, Bull. soc. géol. de France, t. XVII, p. 378, 1860.

C. 18.

     Hauteur, 51 millimètres ; diamètre, 101 millimètres.

     Espèce de très-grande taille, circulaire, arrondie mir les bords, renflée et subconvexe en dessus, presque plane en dessous. Tubercules inter-ambulacraires nombreux, formant sur chaque aire, vers l'ambitus, quatre rangées verticales qui se réduisent à trois, puis à deux, au fur et à mesure qu'elles se rapprochent du sommet et de la bouche. Ces tubercules, au nombre de quinze à seize dans les séries les plus longues, sont largement développés, à peu près égaux entre eux, uniformément espacés, profondément crénelés, perforés et entourés d'un scrobicule distinct quoique superficiel; indépendamment des séries verticales, ils forment sur chaque plaque des lignes horizontales régulières. Granules intermédiaires inégaux, le plus souvent mamelonnés, disposés en cercle autour des tubercules. Plaques interambulacraires longues et sub­flexueuses. Ambulacres étroits, à peine onduleux à la face supérieure, convergeant en ligne droite jusqu'à la bouche, garnis de deux rangées de petits granules distinctement crénelés, perforés et mamelonnés; les deux rangées sont très-rapprochées l'une de l'autre, mais les granules • dont elles se composent sont espacés et alternes. Zones porifères légèrement déprimées, composées de pores simples, transversalement oblongs, directement superposés, si ce n'est sur la face inférieure où ils devient un peu de la ligne droite et montrent une tendance à se grouper par triples paires ; les paires de pores sont dirigées obliquement vers le milieu de l'ambulacre, tandis que, dans tous les autres échinides à pores trigéminés, elles sont inclinées en sens inverse, c'est-à-dire du côté externe. Du reste, cette disposition oblique des pores n'est qu'apparente en réalité,. comme nous le montre la fig. h, ils forment autour de chacun des petits tubercules des demi-cercles très-réguliers. Appareil apicial inconnu. Péristome médiocrement développé, pentagonal; lèvres ambulacraires étroites, arrondies; lèvres interambulacraires beaucoup plus larges et montrant les empreintes de fortes auricules.

     Radioles allongés, cylindriques, garnis de granules oblongs, épars, espacés, peu saillants, et de stries longitudinales régulières.

     RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce, remarquable par sa grande taille, sa forme arrondie et circulaire, ses tubercules interambulacraires disposés en séries multiples, ses ambulacres étroits, garnis de granules très-petits et cependant crénelés et perforés, ses pores simples, affectant près de la bouche un aspect subonduleux et trigéminé, ses plaques interambulacraires longues et étroites, son péristome subpentagonal et è bords ambulacraires très-étroits, constitue un type nouveau auquel nous avons donné le nom d'Heterocidaris.

 

     L'espèce que nous venons de décrire est la seule que nous connaissons en France. Tout récemment M. Wright, dans son bel ouvrage sur les Oursins Ooli tiques d'Angleterre, a figuré sous le nom d'Heterocidaris Wickense, une seconde espèce provenant de l'Oolite inférieure de Wick, dans le Yorkshire.

     Loc. — Le Chevain. Très-rare.

     Tabl. de M. Triger, Oolite inf. sableuse, ass. n° 2. Triger.

     Loc. autres que la France. — Nous rapportons à l'Heterocidaris Trigeri une plaquette recueillie par M. Babeau dans l'Oolite inférieure des environs de Langres (Haute-Marne), au même niveau que les Cidaris spinosa et Courtaudina. Nous lui réunissons également une portion d'aire intérambulacraire que M. Eugène Deslongchamps a rencontrée à Feuguérolles, associée à l'Ammonites primordialis. Ces fragments, bien que très-incomplets, nous ont paru appartenir certainement à l'espèce qui nous occupe.

     Expl. des Fig. — Pl. LVI, fig. 1, Heterocidaris Trigeri, vu sur la face sup, de la coll. de M. Triger. — Fig. 2, péristome montrant la disposition des pores et quelques traces de l'appareil dentaire. — Fig. 3, hauteur de l'Heterocidaris Trigeri. — Fig. 4, pores et tubercules des bords du péristome, grossis. — Fig. 5, radiole grossi.

Planche LVI (extrait)

   
 

Heterocidaris trigeri Cotteau,1860 - Bajocien, Rich, Maroc, 63 mm

 
 
 

Heterocidaris trigeri Cotteau,1860 - Bajocien supérieur, Guersif, Maroc, 78 mm

 
 
     
 
 

Heterocidaris trigeri Cotteau,1860 - Bajocien supérieur, Guersif, Maroc, 68 mm et 45 mm